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12 mai 2009

Artiste ou pas : même droits, mêmes devoirs !

La politique du « Deux poids, deux mesures »

Le 16 avril 2009, le Préfet de l’Indre a pris un arrêté pour interdire le concert de « quatre groupes de musique de la mouvance rock anti-communiste » qui devaient se produire deux jours plus tard, au motif que leur répertoire musical comportait « des paroles et titres de chansons qui constituent des incitations à la haine raciale, l’apologie de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité. »

Qui s’en est ému ? Qui a crié à la censure ? Qui a soutenu ces groupes ?

Personne ou presque, et c’est tant mieux.

En revanche, depuis février 2009, OrelSan continue à se produire sur diverses scènes, très souvent financées par l’argent public, malgré le fort mouvement de protestation qui dénonce sa complaisance vis-à-vis du sexisme, de l’homophobie, des violences physiques et sexuelles, de la transmission volontaire des MST (dont le sida), de la pédocriminalité et du meurtre des femmes qui ne répondent pas aux exigences de certains hommes dont le chanteur se fait le porte-parole.

Contrairement aux affirmations d’OrelSan et à l’information tronquée d’une partie de la presse, cette affaire dépasse largement le cadre de la chanson « Sale Pute ». Il s’agit aussi de la chanson « Suce ma bite pour la Saint-Valentin » qui certes ne fait pas partie de l’album « Perdu d’avance », mais qui est toujours chantée sur scène (notamment le 17 avril 2009 à Mulhouse), et de plusieurs autres des chansons de son album :

Suce ma bite pour la Saint-Valentin : (Mais ferme ta gueule) ou tu vas t’faire marie-trintigner / (…) Vis le sexe comme un conte de fées, depuis qu’j’ai mon BAFA / J’respecte les shneks avec un QI en déficit / Celles qui encaissent jusqu’à finir handicapées physiques (...) / Viens bébé on va tester mes nouvelles MST !

Différent : J’finirais par acheter ma femme en Malaisie / (…) Renseigne toi sur les pansements et les poussettes / J’peux t’faire un enfant et te casser l’nez sur un coup de tête

Courez courez : Petite, essaie pas de me fréquenter / Ou tu va perdre ton pucelage avant d’avoir perdu tes dents de lait (...) / Les féministes me persécutent, me prennent pour Belzebuth / Comme si c’était d’ma faute si les meufs c’est des putes / Elles ont qu’à arrêter de d’se faire péter l’uc / Et m’dire merci parce que j’les éduque, j’leur apprend des vrais trucs / Des fois j’sais plus si j’suis misogyne ou si c’est ironique / j’serai peut-être fixé quand j’arrêterais d’écrire des textes où j’frappe ma p’tite copine

Si la pensée est libre, son expression doit être limitée pour préserver les règles élémentaires de respect et de liberté qui permettent de vivre ensemble dans une société. L’incitation à la haine et au meurtre constitue la limite à ne pas franchir. Les artistes ne sont pas au-dessus des autres citoyen/nes : ils n’ont pas tous les droits.

Les lourdes conséquences du sexisme

La complaisance envers des propos aussi violents que ceux chantés par OrelSan est dangereuse. Car, qui consent aux mots finit par consentir aux choses. Et les choses en France, ce sont :

                           
      

Dans le       couple

      

Chaque       année

      

En dehors du       couple

      

Chaque       année

      

· 4,3% de femmes       menacées ou injuriées, soit 776 000       femmes.

      

· 3% de femmes       violentées physiquement, soit 541 000       femmes.

      

· 0,7% de femmes       violées, soit 126 000       femmes = 1 viol toutes les 5       minutes.

      

Au total, 10% de femmes sont       victimes de violences conjugales, soit 1 800 000       femmes.

      

· Une femme meurt tous les deux jours sous les coups       de son conjoint ou ex-conjoint.

      

· 16,9% de femmes       injuriées, soit 3 049 774       femmes.

      

· 5,5% de femmes       menacées, soit 992 000       femmes.

      

· 2,5% de femmes       violentées physiquement, soit 451 000       femmes.

      

· 5,9% de femmes       sexuellement agressées, soit       1 065 000 femmes = 1 agression sexuelle toutes les 30       secondes.

      

· 1,5% de femmes       violées, soit 270 000       femmes = 1 viol toutes les deux       minutes.

      

Sources : ENVEFF 2000 –       INSEE 2008

Ces chiffres ne concernent que les femmes âgées de 18 à 59 ans. S’il fallait y ajouter les mineures de moins de 18 ans et les femmes âgées de plus de 59 ans, l’estimation de ces violences serait considérablement plus importante.

Pourquoi mettre en avant ces chiffres, alors qu’il ne s’agit que de quelques chansons ?

Parce qu’il existe un continuum entre les violences les plus légères, comme les violences verbales, et les violences les plus graves : violences physiques, agressions sexuelles, viols, meurtres. Les premières préparent l’acceptation des autres en sapant la résistance des individus : victimes ou témoins potentiellement en mesure d’intervenir. Elles confortent aussi les agresseurs dans leur violence.

Une liberté d’expression à deux vitesses

Faire connaître la réalité des violences sexistes et sexuelles, dénoncer le machisme qui les renforce, relèvent de l’évidence pour celles et ceux qui souhaitent vivre ensemble dans une société égalitaire et respectueuse des différences. Pourtant,  OrelSan qui use et abuse de la liberté d’expression, nous dénie le droit de nous exprimer. En effet, jeudi 30 avril 2009, Pulsart, association nationale d’actions artistiques auprès des jeunes en difficulté, et d’autres associations agissant pour les droits et l’autonomie des femmes, ont reçu une lettre de son avocat, datée du 22 avril, qui les met « en demeure d’interrompre immédiatement toutes [leurs] actions de nature à porter atteinte au bon déroulement de la carrière d’Orelsan ».

L’avocat du champion de la liberté d’expression intime donc aux associations qui osent s’élever contre sa violente propagande sexiste, de se taire sous menace de poursuites. Cette menace concerne toutes nos associations : c’est notre liberté de manifestation et d’expression qui est mise en question.

Nous refusons le chantage et le silence qu’OrelSan veut nous imposer. La liberté d’expression n’appartient pas qu’aux « artistes » : la liberté d’expression appartient à chacun/e d’entre nous.

Nous ne nous tairons pas ! Et ce d’autant plus que, derrière la liberté artistique revendiquée, se cachent probablement des stratégies qui s’intéressent davantage au fric qu’à l’art et qui, au mépris de la dignité humaine, misent sur ces chansons trash supposées être financièrement rentables.

 

Nous voulons une prise de conscience politique

de la dangerosité du sexisme et du machiste érigé en culture.

Nous voulons l’assurance d’une réelle volonté politique de combattre les violences sexistes, qu’elles soient symboliques, physiques ou sexuelles.

Nous voulons des politiques culturelles menées en cohérence

avec l’action publique pour l’égalité entre les femmes et les hommes et le vivre-ensemble.

 

Signataires : Association Droits des Femmes XXe, Collectif masculin contre le sexisme - Québec, « Cineffable – Quand les lesbiennes se font du cinéma », Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Commission Femmes et Mondialisation d’ATTAC, Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception (CADAC), Coordination française du lobby européen des femmes (CLEF), Elu/es Contre les Violences faites aux Femmes (ECVF), Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), « Femmes Libres » - Radio Libertaire, Femmes Solidaires, La Fédération, Les Alternatifs, Marche Mondiale des Femmes, Mix-Cité Paris, Mouvement français pour le planning familial (MFPF), Mouvement pour le planning familial de l’Essonne (MFPF 91), Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Paroles de Femmes Massy, Parti Communiste Français (PCF), Pulsart

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Commentaires
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  • Je rêve, tu rêve, il rêve, nous rêvons, vous rêvez, ils s'en tapent. Je crois que leur bescherelle leur a enseigné ce verbe ainsi conjugué, montrons leur que nous voulons un monde fraternel, sans violences, sans guerres, humaniste, peace.
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